La flexibilité est plus importante que la masse musculaire en capoeira angola
La flexibilité est plus importante que la masse musculaire en capoeira angola. Il y a peu de mouvements dans le jeu de la capoiera angola en comparaison à ceux de la régionale mais leurs combinaisons et formes d’expressions individuelles deviennent illimitées. La musculature, aidée de la contraction et de l’expansion du corps travaille avec l’intention du mouvement. Le corps recherche des expressions propres de formes équilibrées, lentes, détendues, pouvant être déséquilibrées par la rapidité, la tension. Le développement de la perception auditive, visuelle, sensori-motrice, s’effectue lors de l’inter-échange créatif des deux joueurs. Ces sensations sont exprimées par les mouvements corporels et gestuels sur un plan émotionnel et énergétique provoquant des débloquements corporels et sociaux très efficaces.
En savoir plus : Zaza Benabou, La capoeira, un outil social, maitrise d’ethnologie dirigée par M. Terrolle, Université Paris VIII Saint-Denis, Paris, Novembre 2003.
Un rituel ne s’entretient jamais par une obéissance aveugle, forçée et autoritaire
Le rituel entretient une éthique des goûts et des possibilités personnels mais jamais par une obéissance aveugle, forçée ou autoritaire. C’est pourquoi le jeu de la capoeira, plus particulièrement dans la capoeira angola, fait appel à une liberté d’expression corporelle liant création et imagination.
"Capoeira de Angola so pode ser ensinada sem forçar a naturalidade da pessoa, o negocio é aproveitar os gestos livres e proprios de cada um (cada qual e cada qual), perolas de um filosofo popular" .
Mestre Pastinha
Bahia n’est pas le seul foyer de la capoeira
Pernambuco, Bahia et Rio de Janeiro sont considérés comme les trois foyers de la capoeira au Brésil.
En savoir plus : Waldeloir Rego, Capoeira Angola, ensaio socio-ethnografico, ed. Itapua, coll. Baiana, 1968
Quand sont nées les 1e écoles de capoeira ?
La première école de capoeira angola au Brésil a été créée par Mestre Pastinha en 1910, au Campo da Polvora, à Salvador de Bahia. Mais l’existence de cette école n’est qu’officieuse. La capoeira est surtout utilisée pour se battre et souffre alors d’une mauvaise réputation.
Il a fallu presque 30 ans pour qu’il soit officiellement permis d’enseigner la capoeira au Brésil. C’est Mestre Bimba, créateur de la Luta Regional Bahiana (capoeira régionale), qui donna naissance à la première académie en 1937. L’Estado Novo vient alors de voir le jour...
En savoir plus : Waldeloir Rego, Capoeira Angola, ensaio socio-ethnografico, ed. Itapua, coll. Baiana, 1968
La feinte du maculêlê
Autrefois, lorsque les processions de maculêlê passaient devant une église, les participants baissaient leurs bâtons et lançaient des louanges au saint de l’église afin de ne pas être réprimés.
En savoir plus : Waldeloir Rego, Capoeira Angola, ensaio socio-ethnografico, ed. Itapua, coll. Baiana, 1968
À qui appartient l’épée du guerrier ?
L’espada do guerreiro (l’épée du guerrier) est l’instrument d’Oxalà, dieu du panthéon du candomblé, le grand père céleste. Sa couleur est le blanc, son jour, le vendredi et son métal l’argent. Il est associé, de manière syncrétique au Seigneur de Bonfim dans la religion catholique. Pendant longtemps, la capoeira et le candomblé ont été très proches ; ils poursuivaient le même but d’identification et de retour aux sources. Ils évoluent aujourd’hui séparément. De nombreux capoeiristes font néanmoins partie du candomblé.
En savoir plus : Waldeloir Rego, Capoeira Angola, ensaio socio-ethnografico, ed. Itapua, coll. Baiana, 1968
Le caxixi est récent dans la capoeira
Le caxixi est petit panier d’osier dans lequel on insère des graines afin d’ajouter un son supplémentaire et continuel au rythme du berimbau. Il semble avoir été introduit tardivement dans la bateria de la capoeira. Aucun voyageur n’en fait état avant le XIXe siècle ; ni en Afrique, ni au Brésil. Seul Mestre Pastinha, né en 1889, atteste qu’il n’a jamais connu de berimbau sans caxixi.
Source : Zaza Benabou, La capoeira, un outil social, maîtrise d’ethnologie dirigée par M. Terrolle, université Paris VIII Saint-Denis, Paris, nov. 2003.
En savoir plus : Waldeloir Rego, Capoeira Angola, ensaio socio-ethnografico, ed. Itapua, coll. Baiana, 1968
La capoeira s’inspire de mouvements d’animaux
La capoeira s’inspire de mouvements d’animaux. C’est en tout cas l’hypothèse de Burlaquami, plus connu sous son nom de capoeiriste, Zuma qui, en 1928, écrivit l’une des premières « méthodes » d’enseignement et d’apprentissage de la capoeira.
D’après lui, les capoeiristes utiliseraient, entres autres stratégies, celle de l’araignée : évitant l’affrontement direct, le capoeiriste réduit son adversaire dans un espace circulaire ; l’enveloppe, l’enlace. Et s’il ne l’a pas vaincu, il se retire grâce aux esquives et s’enfuit.
Dans les chansons, les capoeiristes sont souvent comparés à des animaux, comme le cobra, le vautour. De nombreux mouvements rappellent aussi ceux du singe. Certains ont même pour nom, des caractéristiques d’animaux comme vôo de morcego (vol de chauve souris), macaco (le macaque).
Source : Zaza Benabou, La capoeira, un outil social, maîtrise d’ethnologie dirigée par M. Terrolle, université Paris VIII Saint-Denis, Paris, nov. 2003.
En savoir plus : Waldeloir Rego, Capoeira Angola, ensaio socio-ethnografico, ed. Itapua, coll. Baiana, 1968
Sans musique, on ne peut pas jouer de capoeira
On retrouve dans la capoeira une similitude avec certaines manifestations culturelles d’origine africaine, où la musique est en intime relation avec le mouvement, le jeu et la spiritualité.
Le mot « capoeira » a été enregistré pour la 1e fois ...
Le mot « capoeira » a été enregistré pour la première fois en 1712 par le linguiste Rafael Bluteau puis par l’écrivain Moraes en 1813.
En savoir plus :Waldeloir Rego, Capoeira Angola, ensaio socio-ethnografico, ed. Itapua, coll. Baiana, 1968
Les 11 significations du mot « capoeira »
Capoeira : panier tressé destiné à transporter la volaille
Capoeira : lieu d’élevage de la volaille
Capoeira : voleur de poulet
Capoeira : vieux carosse
Capoeira : type de biche existant dans la région du Nordeste
Capoeira : coffrage des parois d’un trou
Capoeira : casque destiné à protéger la tête des soldats en charge de la défense des forteresses
Capoeira : pièce du moulin (moulin à canne à sucre)
Capoeira : herbe fraichement coupée, nom aussi donné à l’espace ainsi dégagé, sorte de clairière sur laquelle les capoeiristes pouvaient alors jouer
Capoeira : nom d’un oiseau (Odotophorus capueira, Spix), également connu sous le vocable « Uru »
Capoeira : jeu athlétique.
En savoir plus : Waldeloir Rego, Capoeira Angola, ensaio socio-ethnografico, ed. Itapua, coll. Baiana, 1968, p.2
Le 13 mai 1888, la loi Auréa abolit l’esclavage au Brésil. L’esclave noir est remplacé par le travailleur immigré. Le peuple noir devient marginal et le travailleur blanc la nouvelle cible de l’exploitation économique.
En savoir plus : Waldeloir Rego, Capoeira Angola, ensaio socio-ethnografico, ed. Itapua, coll. Baiana, 1968
L’histoire nous trompe
« L’histoire nous trompe,
Elle dit tout et son contraire,
jusqu’à affirmer que l’abolition
est survenue au mois de mai,
La preuve de ce mensonge
est que je suis toujours dans la misère
Vive le 20 novembre !
Moment dont il faut se rappeler !
Je ne vois rien le 13 mai,
Rien qu’il faille commémorer.
Beaucoup de temps ont passé
Et le Noir est toujours en train de lutter.
Zumbi est notre héros,
De Palmares, il fut le seigneur
Pour la cause du peuple noir,
C’est lui qui s’est le plus battu,
Mais malgré tant de luttes,
le Noir ne s’est pas libéré. »
(Mestre Moraes)
D’où vient la mélancolie des chants de capoeira ?
Selon Waldeloir Rego, la plupart des chansons de capoeira remontent aux premiers temps de la colonisation du Brésil. Elles nous offrent un témoignage simple et poignant de la vie menée alors par les esclaves, toute imprégnée de la mélancolie de l’exil des terres africaines...
Hà uns cem anos atràs,
O tempo não era maù :
Lavava roupa com cinza,
Guardavam louça em jirau,
Gaita era um bom instrumento,
Tinha valor berimbau ...
En savoir plus : Waldeloir Rego, Capoeira Angola, ensaio socio-ethnografico, ed. Itapua, coll. Baiana, 1968
La date de la mort Zumbi
Zumbi est décédé le 20 novembre 1675. Cette date est commémorée chaque année au titre de « fête de la conscience noire ».
En savoir plus : Waldeloir Rego, Capoeira Angola, ensaio socio-ethnografico, ed. Itapua, coll. Baiana, 1968
La « negativa » serait d’origine indienne
Pour Mestre Pastinha, la capoeira doit beaucoup aux Africains, mais aussi aux Indiens. C’est à leur contact, au sein des quilombos, qu’elle se serait dotée des mouvements de défenses comme la negativa, la chute en arrière et la défense avec les mains. Le père José de Anchieta en fait déjà mention dans son livre Arte da grammatica da lingua mais usada na costa do Brasil, écrit en 1595 : « Les Indiens Tupi Guarany se divertissent en jouant de la capoeira ».
En savoir plus : Waldeloir Rego, Capoeira Angola, ensaio socio-ethnografico, ed. Itapua, coll. Baiana, 1968
Le quilombo de Zumbi était surnommé « petite Angola ».
Le quilombo de Zumbi, héros du peuple afro-brésilien, était surnommé « petite Angola ». Les quilombos sont les sociétés alternatives créées par les esclaves fugitifs au XVIIe siècle au Brésil. Libres physiquement et psychologiquement, ces derniers ont alors cherché à se réappropier leurs racines africaines, en changeant notamment de nom. La capoeira s’y est aussi propagée. Dix-sept expéditions ont été menées par le gouvernement pour faire plier le quilombos de Palmares tenu par Zumbi. Il contenait près de 50 000 personnes. Zumbi reste une grande figure de la résistance à la domination coloniale au Brésil.
Source : Zaza Benabou, La capoeira, un outil social, maîtrise d’ethnologie dirigée par M. Terrolle, université Paris VIII Saint-Denis, Paris, nov. 2003.
En savoir plus : Waldeloir Rego, Capoeira Angola, ensaio socio-ethnografico, ed. Itapua, coll. Baiana, 1968
Le vrai nom de Zumbi était ...
Le vrai nom de Zumbi était Francisco. Zumbi est né dans le quilombo de Palmares en 1655, mais il y a été enlevé alors qu’il n’était qu’un nouveau-né, lors de l’attaque menée par le commandant Bràs da Rocha (Bras de Roche). Remis au chef de la colonne attaquante, l’enfant fut offert en cadeau au Père Mélo, curé de Porto Calvo, qui décida de l’appeler Francisco.
Source : Zaza Benabou, La capoeira, un outil social, maîtrise d’ethnologie dirigée par M. Terrolle, université Paris VIII Saint-Denis, Paris, nov. 2003.
En savoir plus : Waldeloir Rego, Capoeira Angola, ensaio socio-ethnografico, ed. Itapua, coll. Baiana, 1968
Quelle a été la faiblesse de Besouro ?
Besouro Cordao de Ouro ou Besouro Preto ou encore Besouro Mandinga fut sans doute le capoeiriste le plus redouté de tous les temps. Il était considéré comme dangereux, malin et magiquement protégé. Une faiblesse néanmoins lui coûta la vie. Analphabète, c’est lui-même qui apporta à son bourreau le mot qui demandait explicitement qu’on le tue.
Source : Zaza Benabou, La capoeira, un outil social, maîtrise d’ethnologie dirigée par M. Terrolle, université Paris VIII Saint-Denis, Paris, nov. 2003.
En savoir plus : Waldeloir Rego, Capoeira Angola, ensaio socio-ethnografico, ed. Itapua, coll. Baiana, 1968
Voir une gravure de Besouro : cliquez ici
Qu’est ce qu’un « corps fermé » ?
On parle souvent de « corps fermé » en référence au capoeiriste Besouro. Avoir un corps fermé signifie que l’on a une protection magique qui empêche tout danger d’atteindre le corps. Besouro était réputé protégé. Aussi l’arme qui servit à le tuer n’a pas été choisie de manière anodine, c’était un fac ticum, une arme confectionnée avec le tronc de la plante donnant les fruits appelés mane velho . Selon les Anciens, c’est la seule arme susceptible d’« ouvrir le corps ».
Source : Zaza Benabou, La capoeira, un outil social, maîtrise d’ethnologie dirigée par M. Terrolle, université Paris VIII Saint-Denis, Paris, nov. 2003.
En savoir plus : Waldeloir Rego, Capoeira Angola, ensaio socio-ethnografico, ed. Itapua, coll. Baiana, 1968
Certains capoeiristes ont fait la guerre
Lors de la guerre du Paraguay (1864-1870), beaucoup de capoeiristes partirent se battre. Si la majorité y a été contrainte et forcée, d’autres, vagabonds et souvent prisonniers, s’y sont volontairement engagés car il y avait des remises de peine à la clef. Leur habileté au combat était très appréciée ; elle permettait de pallier les situations où les armes manquaient.
En savoir plus : Waldeloir Rego, Capoeira Angola, ensaio socio-ethnografico, ed. Itapua, coll. Baiana, 1968
Quand la capoeira s’est faite politique
Lors de la transition de l’Empire brésilien vers la République en 1890, les Monarchistes et les Républicains utilisaient les bandes de capoeira pour exercer des pressions et perturber les réunions de leurs adversaires. Ces bandes avaient pour habitude d’utiliser le bâton, le couteau et le rasoir.
Elles ont joué un tel rôle sur la scène politique que l’on a été jusqu’à parler de « parti capoeira ». À vrai dire, il ne s’agissait pas de membres identifiés mais davantage d’une manière de pratiquer la politique, tournée vers la rue.
Source : Zaza Benabou, La capoeira, un outil social, maîtrise d’ethnologie dirigée par M. Terrolle, université Paris VIII Saint-Denis, Paris, nov. 2003.
En savoir plus : André Luiz Lacé Lopes, A volta do mundo da capoeira, Rio de Janeiro, 1999
La capoeira partage l’univers de la culture populaire
L’univers des chants de capoeira est très proche de celui des repentistas (improvisations poétiques populaires), des samba de roda, des samba de barravento (initialement chantées et dansées pour tasser le sol des maisons), et du candomblé. On retouve dans les laidainhas, les grandes figures de la culture populaire brésilienne comme Pedro Cem da Silva. Sa vie y est contée comme une épopée, celle d’un homme riche, égoïste et arrogant que la vie a ruiné tant il était radin !
Quem pede, pede chorando, ai, meu Deus
Quem da, merece vontade,
A tristeza de quem pede, ai, ai
Com sua necessidade
Là no ceù, vai quem merece, ai, meu Deus
Na terra, vale quem tem
Là se foi minha fortuna, ai, ai
Exclama Pedro Cem
Ontem fui milionario,
Jà teve, hoje nao tem, camaradinho
Iê, viva meu Deus ...
En savoir plus : Waldeloir Rego, Capoeira Angola, ensaio socio-ethnografico, ed. Itapua, coll. Baiana, 1968
Lire aussi le cordel d’André Lacé, inspiré de l’art populaire des chansonniers du Centre de Traditions Nordestines Luiz Gonzaga de São Cristovão à Rio de Janeiro : L’Art de la Capoeira à Rio de Janeiro, au Brésil et dans le Monde, André Luiz Lacé Lopes, ed. version française, 2005, Rio de Janeiro. L’intégralité du texte en cliquant ici
Parfois, la capoeira ne libère pas
Les processus de libération propres à la capoeira sont parfois pollués par des processus autoritaires. La capoeira angola continue d’être vivante et libératrice dans sa structure. Elle permet de forts développements pédagogiques, psychologiques, corporels, musicaux, sociabilisants, thérapeutiques ... Malgré cela, certains Angoleiros ne réussissent pas à appliquer cette « éthique » à l’extérieur de la roda, c’est-à-dire dans leur vie. Cela forme beaucoup d’autoritarisme et de compétition qui sont explicites dans les disputes de marché, dans l’organisation propre aux groupes et dans le pouvoir du titre de « maître ».
Source : Zaza Benabou, La capoeira, un outil social, maîtrise d’ethnologie dirigée par M. Terrolle, université Paris VIII Saint-Denis, Paris, nov. 2003.
En savoir plus : Waldeloir Rego, Capoeira Angola, ensaio socio-ethnografico, ed. Itapua, coll. Baiana, 1968
La capoeira aurait une origine africaine
La capoeira est une création brésilienne mais ses origines interrogent encore de nombreux historiens. Pour l’historien et ethnologue Albano Neves e Sousa (1921-1955), la capoeira serait issue du N’Golo ou danse du zèbre, spécifique des rites de passage à l’âge adulte de la région de Mucope et Mulondo (sud-est de l’Angola, région de Huila). L’objectif de cette danse était de toucher la figure de l’adversaire avec le pied, et en rythme ! celui des battements de main. Toute personne qui en sortait, était disqualifiée.
En savoir plus :Waldeloir Rego, Capoeira Angola, ensaio socio-ethnografico, ed. Itapua, coll. Baiana, 1968