Principes à suivre afin d’acquérir de bonnes bases pour la pratique de la capoeira selon Mestre Vicente Ferreira Pastinha.

1) Respectez et faites respecter les coutumes, les rites et les traditions de la capoeira angola ;

2) Respectez tous les maîtres de capoeira ;

3) N’appliquez pas de coups offensifs avec les membres supérieurs, de coups liés tel que pisadas ni de coups de pieds en dessus de la ceinture du camarada pendant le jeu ;

4) Au moment de s’agenouiller au pied du berimbau, essayez de vous concentrer, de relâcher votre corps et, une fois le jeu commencé, de ne jamais dévier votre attention du camarada. Néanmoins, pendant le jeu, essayez de diriger votre regard vers l’avant ou sur les côtés, en étant “ailleurs” en apparence, mais sans jamais dévisager le camarada, cela pourrait trahir vos intentions. Ne fixez pas votre regard sur quelque chose, au contraire, gardez votre champ de vision le plus large possible ;

5) N’entrez dans une roda de rue que lorsque vous êtes totalement préparé à la capoeiragem ;

6) Dans les rodas de rue, ne jouez en jogo de dentro qu’au moment du coup de l’adversaire, en lui appliquant simultanément un contre-coup. Évitez de vous baisser quand le coup passe loin ou quand l’adversaire en feinte un ;

7) Pendant un jogo de dentro, quand le camarada se rapproche rapidement afin de donner une pisada ou un coup de pied sur la figure, sans vous donnez la possibilité de sortir en rolê ou de contre-attaquer, essayez de vous relever près de lui, cela vous procurera plusieurs opportunités de lui appliquer différents coups ;

8) Apprenez bien la ginga. Rappelez-vous qu’elle est le principal mouvement de la capoeira, le premier à être enseigné, et par conséquent, la base de la capoeira ;

9) "Ginguez" constament, en cherchant toujours la feinte ;

10) Tout bon capoeiriste, en plus de jouer dans la roda, doit savoir jouer du berimbau et chanter. Apprenez-les ;
 

11) Ne vous vantez pas au sujet de la capoeira. Si vous êtes réellement un bon capoeriste, vous serez reconnu comme tel ;

12) Ne montrez pas ce que vous savez faire en dehors de la roda de capoeira. Ne le faîtes que si c’est vraiment nécessaire.

13) Observez vos camaradas plus entraînés. En procédant ainsi, vous apprendrez mieux.

14) Imaginez-vous dans une situation difficile et essayez de trouver le meilleur moyen de vous en tirer. Quand vous rencontrerez cette situation dans la réalité, vous aurez plus de chances de vous en sortir.

15) Quand votre adversaire vous fait une chamada, approchez-vous avec précaution, car selon les normes de la capoeiragem, le capoeiriste qui fait l’appel peut appliquer le coup qu’il veut si votre approche est imprudente ;

16) Pendant le jeu, n’exécutez pas un mouvement de capoeira si celui-ci n’est pas parfaitement maîtrisé ;

17) Quand vous jouez avec un inconnu, ne montrez pas tout votre jeu. Gardez vos meilleurs coups pour le bon moment, si nécessaire ;

18) N’entrez pas dans les rodas de rue ou dans un endroit inconnu sans avoir observé longuement l’environnement ;

19) Faîtes attention lorsque vous vous levez, au moment où vous passez du jogo de dentro au jogo de fora ;

20) Le capoeiriste déjà formé, qui rencontre des difficultés pour apprendre un nouveau mouvement de capoeira ne doit pas insister mais plutôt perfectionner ce qu’il a déjà appris ;

21) Essayez de jouer sans toucher le sol. Seuls les mains et les pieds doivent toucher le sol. Les grands capoeiristes ont l’habitude de jouer habillés en blanc pendant plusieurs jeux sans jamais se salir ;

22) C’est seulement après avoir acquis une bonne technique - par l’exécution de mouvements offensifs de manière lente et progressive - que le capoeiriste doit se préoccuper de la rapidité, et par conséquent de la puissance des coups ;

23) Quand vous pratiquez la capoeira, cherchez à garder les poings lâches. Le poing fermé est totalement contraire aux mouvements décontractés qui caractérisent la capoeira. Cela contribuera à améliorer votre circulation sanguine et vous permettra une exécution plus agile et spontanée des mouvements ;

24) Au début d’un jeu de capoeira, vous pouvez exécuter des mouvements giratoires et lents dans le jogo de dentro afin de vous chauffer les muscles. Ensuite passez au jogo de fora dont le rythme peut être lent ou plus rapide en fonction de la cadence imposée par le berimbau-mestre ;

25) Pendant la pratique de la capoeira, évitez l’utilisation de la force musculaire. Tout le corps devra être détendu, ne laissant ainsi aucune place pour ce type de force, qui n’est qu’une énergie superficielle ;

26) Ne considérez pas comme important, la capacité d’exécuter des sauts, des mouvements compliqués ou de coups en série en extrême rapidité. Très en vogue dans la capoeira moderne, cela mènera fatalement le capoeiriste à l’épuisement. Au sein de la capoeira angola, nous nous employons à diriger les mouvements par le calme ;

27) La capoeira angola est essentiellement défensive. Le capoeiriste doit chercher à orienter en sa faveur l’attaque de l’adversaire en l’attirant avec des mouvements corporels afin de le mettre dans une position inconfortable ;

28) Au début de l’apprentissage, le capoeiriste doit chercher à développer et étirer ses coups, afin de bien détendre ses muscles. Ensuite, dès lors qu’une certaine maîtrise est acquise, les mouvements peuvent se fermer, car ils n’exigeront pas autant d’efforts physiques et techniques ;

29) Où que soit le capoeiriste, la capoeira doit l’accompagner. Le corps et l’esprit doivent être préparés à toutes situations ;

30) Lorsque vous arrivez à un croisement tard dans la nuit, traînez des pieds et allez au milieu de la route, puis retournez sur le trottoir un peu plus loin ;

31) Quand vous vous trouvez dans un établissement quel qu’il soit, ne tournez jamais le dos à la porte d’entrée, sauf si vous vous trouvez face à un miroir ou à tout autre objet qui reflète l’image de l’entrée ;

32) Lorsque vous êtes dans une rue sombre, marchez au milieu de la route, jamais sur le trottoir ;

33) N’entrez jamais dans un couloir sombre ;

34) Ne laissez pas un inconnu vous serrer dans ses bras, même s’il ne s’agit que d’une salutation ;

35) N’agressez point. La violence de la capoeira est à l’intérieur du capoeiriste et ne se manifeste qu’au moment opportun ;

36) Ne donnez jamais de coups à un camarada, même s’il vous tourne le dos ;

37) Soyez loyaux avec vos compagnons de lutte ;

38) Essayez d’éviter les bagarres. Ne vous battez que si vous avez à 100% raison ;

39) Si vous ne pouvez pas éviter les bagarres, cherchez à vous défendre. Restez calme. Ne soyez pas pressé de donner un coup. Donnez-le lorsque les probabilités de faille sont devenues quasi-nulles. Cherchez à profiter de tout ce que l’ambiance et l’environnement peuvent vous procurer. Rappelez-vous que la malice est essentielle chez le capoeiriste et à travers elle vous pouvez conclure la bagarre ;

40) Le bon capoeiriste a pour obligation de pleurer aux pieds de son adversaire. Il pleure mais les yeux et les pieds sont actifs ;

41) Ayez foi en ce que vous avez appris. Ces règles que je viens de citer régissent la conduite des plus anciens capoeiristes de Bahia.

Tout capoeiriste est cabalistique, pour le bien ou pour le mal.

MESTRE PASTINHA

Mestre Pastinha est décédé à 92 ans.

Adeus, Adeus !

Tous les 13 novembre, les Angoleiros rendent hommage à Vicente Ferreira Pastinha, Mestre Pastinha, qui s’est éteint le 13 novembre 1981 à l’âge de 92 ans à Salvador de Bahia, enterré au son des toques de berimbais.

Né le 05 avril 1889 de père espagnol et de mère noire, Mestre Pastinha est considéré comme le gardien de la capoeira angola. Il l’évoquait ainsi : « Mandiga de escravos em ânsia de Liberdade. Seu principo não tem metodo. Seu fim e inconcebivel ao mais sabio dos mestres. »

En savoir plus : Waldeloir Rego, Capoeira Angola, ensaio socio-ethnografico, ed. Itapua, coll. Baiana, 1968