À lire : L’Art de la Capoeira à Rio de Janeiro, au Brésil et dans le Monde, André Luiz Lacé Lopes, ed. version française, 2005, Rio de Janeiro
Dès le XVIe siècle, des chansonniers parcouraient le Brésil de ville en ville pour égrener dans les foires des vers empreints de révolte et d’humour populaire aux rythmes du Nordeste. Ces chansonniers pratiquaient souvent le repente : ils improvisaient des vers sur un thème donné, préférant des strophes bien cadencées à la poésie trop académique. Les repentistas distribuaient leurs chansons imprimées sur des feuillets assemblées par des cordelettes. C’est ce qu’on appelle la literatura de cordel , une vieille tradition issue de la culture populaire.
André Lacé a choisi ce genre littéraire pour raconter son histoire de la capoeira au travers de chroniques, légendes et témoignages, tout cela dans un humour grinçant enrobé de joie de vivre. C’est bien le style des poètes repentistas : la rime importe parfois plus que le sens, les énumérations fréquentes permettent de prolonger un air endiablé, les attaques les plus ciblées s’achèvent par des pirouettes. Personne n’échappe à la plume de l’auteur : les lutteurs de la régionale, de l’angola, les anciens, les nouveaux, les morts et les vivants.
Mais qu’on ne s’y trompe pas : ce ouvrage n’est pas une satire banale. Au fil des strophes, on y retrouvera les thèmes chers à Lacé, ceux qui font l’objet de son combat en tant que journaliste de la capoeira. D’abord il critique l’institutionnalisation politique de cette discipline qui ouvre les portes à une commercialisation perverse de la capoeira. Il dénonce encore et toujours le blanchiment de cet art et surtout la capoeira dite « contemporaine » dont il n’aime ni le fond ni la forme. Enfin et surtout, il recadre le débat sur les origines de la discipline, car si la région de Bahia est la mère de la capoeira du point de vue artistique et musical, Rio de Janeiro en est incontestablement le père sur le plan des techniques de lutte. Ainsi ce cordel rend aux capoeiristes de Rio la place qu’ils méritent après plusieurs décennies passées dans l’ombre de la capoeira bahianaise.
André Luiz Lacé Lopes est né dans l’Etat du Paraná, Brésil, il y a soixante cinq ans. Journaliste, écrivain et maitre en administration à l’Université de Syracuse à New York, il a publié plusieurs livres, de nombreux articles, ainsi que des poèmes et certains contes récompensés par des prix littéraires. Dans sa jeunesse il a pratiqué et enseigné la capoeira (style Sinhôzinho).
Contact : Prof. André Luiz Lacé Lopes
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