La traite des noirs ainsi que l’exploitation des africains et de leurs descendants n’a jamais été reconnue par nos sociétés évoluées et « bien pensantes » comme étant une des plus grandes atrocités de tous les temps. Ceux qui nous gouvernent continuent non seulement à occulter ce fait, certes peu reluisant mais pire, ils persistent, sous des formes plus implicites, dans la même lignée ... c’est à dire celle de « l’asservissement du plus faible ». Que dire alors de l’exploitation des richesses de l’Afrique par les pays du Nord, sous couvert de leurs dirigeants ? Ou des lobbies pharmaceutiques qui refusent la copie de leurs médicaments par les laboratoires des pays du Sud, sous prétexte que se ne serait pas rentable, alors que s’est l’unique solution pour endiguer les pandémies qui ravagent des continents entiers ? Effectivement, tout est fait pour nous empêcher une telle prise de conscience. On nous fait croire aujourd’hui que seules les solutions individuelles sont viables et les collectives utopiques. L’individualisme, l’égoïsme ou encore l’esprit de compétition exacerbé nous voilent les yeux.

Moi même, en débutant la Capoeira, je n’étais alors attiré que par le côté acrobatique et le succès rapide que ce genre de prouesses pouvait générer. Mais je n’allais pas tarder à me rendre compte que ceci n’était en fait que le côté apparent voire superficiel de cet Art et que derrière se cachait quelque chose d’absolument gigantesque, quelque chose qui touche à nos racines communes, à notre patrimoine. Mais n’allez pas croire que tout cela m’est venu comme une évidence. Je suis portugais et, en tant que tel, issu d’un des peuples qui a le plus contribué, du moins dans les débuts, à l’avènement de l’esclavage. Pour comprendre cela, il a fallut que je m’investisse et que je refuse d’accepter sans réfléchir la réalité que l’on me proposait, celle de la complaisance et des chemins préétablis. Je me suis alors plongé dans l’histoire du Brésil, car c’est à travers les pages d’histoire écrites en ses débuts du XVIème siècle, que l’on comprend comment a été orchestrée la genèse du Monde Moderne ; c’est à dire comment « l’Empire du Commerce Mondial » s’est développé grâce à l’exploitation massive des peuples colonisés.

Pour toutes ces raisons, je crois qu’il est primordial que l’on se sente concerné, et que l’on s’investisse en tant que citoyen. Parce que malheureusement, on ne peut pas trop espérer des politiques actuelles. Il est donc plus qu’essentiel que l’on se prenne en main. Pour moi, la Capoeira, avec tout ce qu’elle englobe : symbolique ; musique ; danse ; chant ; lutte ; camaraderie, participe complètement de cet effort-là et tend toute à fait vers où je veux aller.

Au fil du temps, l’idée que pratiquer la Capoeira pouvait être un acte politique à part entière, s’est donc imposée à moi comme quelque chose d’irréfutable ! En effet, elle l’est parce le militantisme fait partie de mes convictions profondes. Que se soit pour la reconnaissance de certaines erreurs commises par nos ancêtres, et non seulement. Ou en faveur de dispositifs sociaux-culturels visant à la mise en place d’un « système éducatif » qui apprendrait réellement à nos enfants le respect de tout individu en dépit de ses origines (culturelle ; religieuse ; sociale).

Pour le moment, je continue simplement d’alimenter mes utopies et d’aller là où mon cœur me mène...

Miguel